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Le génocide Rwandais: Déroulement (2/3)

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"Rwanda 1994", Masioni, Grenier, Austini. Editions Albin Michel.
« Rwanda 1994 », Masioni, Grenier, Austini. Editions Albin Michel.

Le 6 avril 1994, l’avion du Président rwandais, Juvénal Habyarimana, est abattu par un missile, alors qu’il s’apprêtait à atterrir à l’aéroport de Kigali. La mort de ce dernier, d’abord attribué aux Tutsis, sert à déclencher le génocide rwandais, qui va durer trois mois et causer la mort de 800 000 personnes, en majorité des Tutsis.

Dès le 7 avril 1994, les personnalités Hutus les plus radicales au sein du gouvernement, aidés par la milice Interahamwe, déclenchent les premiers massacres. Parmi les premiers tués, la première ministre du Rwanda et les soldats belges de l’ONU qui la protégeaient, ainsi que la plupart des autres personnalités Hutus considérées comme modérées.

Dans les jours suivants, et alors que les pays européens s’emploient avant tout à évacuer leurs ressortissants, des points de contrôles sont dressés partout dans le pays. Fanatisés et instrumentalisés par des années de propagande et de détestation, et galvanisés par les messages de haine diffusés par la radio des mille collines, des Hutus y massacrent tous les Tutsis qu’ils y croisent, reconnaissables grâce à une mention ethnique sur leur carte d’identité.

De son côté, le Front Patriotique Rwandais (FPR), face à l’ampleur des massacres, engage toutes ses forces face aux Forces Armées du Rwanda (FAR) et commence à progresser vers la capitale.

Fin Avril, après plusieurs semaines de massacres, l’ONU, visiblement prise au dépourvu, décide de retirer la plupart des forces de la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR) présentes sur place, dont le mandat n’autorisait pas d’action armée. Malgré les avertissements et protestations de Roméo Dallaire, général Canadien commandant la MINUAR, et malgré la couverture médiatique des évènements, la communauté internationale peine à reconnaître l’existence d’un génocide. Le Conseil de sécurité, qui se refuse à parler d’un génocide, déclare pourtant que « l’élimination des membres d’un groupe ethnique avec l’intention de détruire ce groupe totalement ou partiellement constitue un crime qui tombe sous le coup du droit international » ce qui, selon la Convention sur le Génocide, constitue … un génocide.

Tout au long du mois de Mai, et alors que les massacres se poursuivent, la communauté internationale demeure paralysée et incapable de réagir, même si elle finit par imposer un embargo militaire, qui ne sera pourtant jamais respectée. Début juin, le Conseil de Sécurité de l’ONU dénonce par une périphrase les « actes de génocides » commis. Le mandat de la MINUAR est enfin étendu, lui conférant ainsi des possibilités d’actions armées pour défendre les sites de réfugiés.

Fin juin, la France lance l’opération Turquoise avec le soutien de l’ONU pour établir une zone humanitaire sécurisée pour les réfugiés. Cependant, même dans les zones protégées du Sud-Ouest par lesquelles les troupes françaises progressent, les massacrent continuent. Dans le même temps, 1 500 000 Hutus fuient vers l’Ouest du pays et jusqu’au Zaïre, devant l’avancée du FPR vers la capitale, et par crainte de représailles. Dans les faits, le FPR se livre également à des exactions dans sa progression.

Le 4 juillet, la capitale Kigali est reprise par le FPR et le 16 juillet, l’ensemble du territoire du pays est sous sont contrôle. Dès le19 juillet, un gouvernement provisoire est formé et le génocide prend fin.

Ce génocide, dont le bilan s’élève à 800 000 morts dont 80% avant la mi-mai, fut également d’une rare cruauté. Femmes, enfants, vieillards, n’ont pas été épargnés, la violence sexuelle a souvent été employée. Les femmes enceintes, parfois, éventrées pour que le fœtus soit également massacré. Parfois, les meurtres ont eu lieu au sein même de familles mixtes. En outre, ni les lieux de culte, ni les écoles, ni les hôpitaux n’ont été épargnés. Parfois, les autorités locales regroupaient les Tutsi dans les stades pour les « protéger ». Puis, les FAR entraient et massacraient aux explosifs le plus de personnes possible, avant que les milices et les Hutus génocidaires ne finissent le « travail » avec leurs « outils ».

Enfin, ce génocide soulève de nombreuses questions, notamment sur la responsabilité de la communauté internationale, qui feront l’objet d’un troisième article à paraître prochainement.

À lire également:

Le premier article de cette série, Le génocide Rwandais: Génèse (1/3)

Sur le même sujet, Le génocide Rwandais de 1994 et son impact sur la région des grands lacs

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